105,020 € Le prix de l'action a baissé de -0,19 %   29/09/2023 17:35

Entretien avec le président-directeur général

Xavier Huillard,
président-directeur général de VINCI

« La période que nous vivons est absolument passionnante ! Nos métiers n’ont jamais eu autant de sens et d’utilité face aux défis que doivent relever nos sociétés. C’est ce qui fait toute leur modernité. »

Comment analysez-vous les performances économiques de VINCI en 2022 ?

Ce sont des performances de grande qualité ! Nous avons largement amplifié le rebond déjà observé en 2021 en faisant progresser fortement notre chiffre d’affaires et en améliorant nos marges opérationnelles dans tous nos pôles. Ces excellentes performances se traduisent par un résultat net qui dépasse de 31 % son niveau de 2019. J’y vois une double confirmation : celle de la remarquable agilité de nos équipes, sur des marchés qui ont été perturbés en Europe par les conséquences économiques de la guerre en Ukraine, après le choc de la crise sanitaire ; et celle de la résilience de notre modèle, fondé sur nos trois grandes branches de métiers complémentaires des concessions, de l’énergie et de la construction. Nous avons encore conforté cette résilience grâce à notre dynamique de développement, en particulier dans les secteurs de l’énergie, et en accroissant notre diversification géographique : en conjuguant croissance organique et externe, notre chiffre d’affaires à l’international a bondi de 46 % sur un an – nous réalisons désormais près de 55 % de notre activité globale hors de France.

Dans les concessions, l’amélioration globale de la situation sanitaire a-t-elle permis de renouer avec les niveaux de trafic d’avant crise ?

La dynamique de reprise s’est nettement accélérée sur toutes nos infrastructures de transport. Sur nos aéroports, le trafic a plus que doublé sur un an, dépassant les niveaux d’avant crise dans certains pays d’Europe et du continent américain. VINCI Airports, qui s’est montré particulièrement réactif pour accompagner la reprise du trafic comme pour optimiser ses coûts tout au long de la crise sanitaire, a quasiment retrouvé en 2022 son taux de marge opérationnelle de 2019, et son résultat net a fortement progressé. Fidèles à notre stratégie de temps long, nous avons donné une nouvelle impulsion à son développement en prenant une participation dans un réseau de 13 aéroports au Mexique et en signant la concession des sept aéroports de l’archipel du Cap-Vert.
Sur nos autoroutes en France, malgré l’augmentation du prix des carburants, le trafic a nettement dépassé le niveau de 2019, pour les véhicules légers comme pour les poids lourds, ce qui souligne la prépondérance durable de la route dans le système national des transports. La tendance a été globalement la même sur nos autoroutes à l’international et là encore, notre réseau est en extension grâce aux contrats de concessions que nous avons signés récemment en Allemagne, en République tchèque, et à la toute fin de 2022 au Brésil.

Qu’en est-il du développement dans le domaine de l’énergie ?

Nous avons toujours affirmé notre volonté de nous y développer avec détermination. En premier lieu, VINCI Energies a poursuivi sa remarquable trajectoire de croissance, grâce à sa capacité exceptionnelle à accompagner ses clients dans le contexte de la transition énergétique et de la transformation numérique, tout en accueillant une trentaine de nouvelles entreprises, dont les activités de services IT de Kontron AG. Ensuite, 2022 a marqué une accélération forte avec l’intégration au 1er janvier de Cobra IS, l’ancienne branche énergie du groupe ACS. Nous voyons bien aujourd’hui, avec la montée en puissance des enjeux énergétiques, combien il était opportun de nous renforcer ainsi dans les infrastructures d’énergie et en particulier dans les projets d’énergies renouvelables, l’un des métiers de Cobra IS. Avec une branche énergie qui représente désormais 36 % de notre chiffre d’affaires et dépasse les 22 milliards d’euros, nous sommes aujourd’hui l’un des tout premiers acteurs mondiaux sur ces marchés particulièrement porteurs.

Quelle a été la tendance pour VINCI Construction, la troisième branche d’activité du Groupe ?

VINCI Construction a également réalisé une performance solide, en termes de prises de commandes comme de chiffre d’affaires et de résultats, malgré les difficultés d’approvisionnement et les tensions sur les prix des matériaux qui ont pesé sur l’équation économique de certains chantiers. La croissance a été particulièrement marquée à l’international, ce qui conforte la position de major mondial de VINCI Construction, avec un modèle qui lui assure une très large couverture de ses marchés en mettant en résonance activités de grands projets, expertises spécialisées et réseaux d’entreprises de proximité.
Enfin, en amont des activités de travaux, VINCI Immobilier, présent principalement en France, a fait preuve d’une bonne résistance sur un marché qui s’est sensiblement durci en 2022.

À ce sujet, comment abordez-vous l’enjeu de l’urgence climatique dans vos métiers ?

En application des engagements ambitieux que nous avons pris en 2020 en refondant notre politique environnementale, cet enjeu est une priorité stratégique pour VINCI. C’est la nouvelle frontière commune à l’ensemble de nos activités. Dans tous nos métiers – dans leurs domaines respectifs mais aussi en mettant en résonance leurs expertises autour de cet objectif prioritaire –, nous pouvons et nous voulons être des contributeurs positifs dans ce domaine. C’est notre responsabilité de bâtisseurs des villes et des territoires, c’est la nécessité que nous dicte l’urgence climatique, et par notre capacité à y répondre, nous ouvrons des voies d’avenir pour nos entreprises en même temps que nous agissons pour l’avenir de la planète. Nous sommes d’ailleurs soutenus dans cette démarche par nos actionnaires, qui ont massivement approuvé la résolution environnementale que nous leur avions présentée lors de notre dernière assemblée générale, et par les investisseurs quand ils souscrivent aux obligations vertes que nous émettons. Leur confiance nous encourage à poursuivre dans cette voie.

Quelles sont vos perspectives à plus long terme, à l’aune, en particulier, de la transition énergétique et environnementale ?

C’est effectivement par le prisme des grands enjeux contemporains, que l’on mesure tout le potentiel à long terme de nos métiers. L’enjeu de l’énergie, dont la crise actuelle nous rappelle l’importance vitale, est à lui seul porteur de transformations profondes qui ne concernent pas seulement notre branche énergie mais l’ensemble de nos activités. Quelles que soient les contraintes budgétaires des États et des collectivités, des investissements considérables vont devoir être engagés dans la transition énergétique, que ce soit pour développer massivement les infrastructures de production et de distribution d’énergie décarbonée, mais également pour transformer le bâti ou pour faire entrer les autoroutes et le transport aérien dans l’ère de la mobilité bas carbone. En même temps que la transition énergétique, nous voyons s’accélérer la transformation des usages au sens large, c’est-à-dire des façons de se loger, de travailler, de produire, de vivre en ville, d’habiter les territoires, de se déplacer, de voyager, etc. Toutes ces mutations sont porteuses d’opportunités dans la durée pour l’ensemble de nos entreprises.

Dans l’exercice de vos métiers, comment répondez-vous à cet enjeu majeur ?

Nous sommes nous-mêmes engagés dans une transformation en profondeur, comparable par son ampleur aux grandes avancées techniques qui ont marqué nos métiers au XXe siècle. La différence est que la notion de progrès, aujourd’hui, s’applique d’abord à la préservation de la planète : c’est vers cet enjeu prioritaire, que nous canalisons notre potentiel d’innovation. Les engagements ambitieux que nous avons pris en déployant notre nouvelle politique environnementale depuis le début de cette décennie constituent désormais notre nouvelle frontière, commune à tous nos métiers. Elle nous conduit à repenser et renouveler nos processus de conception et de réalisation, nos offres et nos solutions, dans le double objectif de réduire notre propre empreinte environnementale et d’aider nos clients et les utilisateurs de nos infrastructures à réduire la leur. C’est une dynamique extrêmement puissante et fédératrice pour nos équipes, qui se traduit déjà par de multiples initiatives au sein de nos entreprises et par des avancées concrètes. Construire bas carbone et avec des matériaux issus du réemploi ou recyclés, rouler électrique sur nos autoroutes, nous rapprocher du zéro émission nette sur nos aéroports, accompagner une collectivité ou un client industriel dans la réduction de ses consommations énergétiques et de son empreinte carbone, contribuer à la résilience des villes et au développement d’îlots de fraîcheur végétalisés, nous engager à réduire l’artificialisation des sols dans nos activités de promotion immobilière, etc. Tout cela, dès à présent, fait partie de la réalité de nos métiers. De même, la transition environnementale devient l’axe central des travaux que nous menons au sein de nos plateformes d’innovation et de prospective, avec nos partenaires académiques ou du monde des start-up, de sorte que les pistes expérimentales d’aujourd’hui nourrissent les solutions vertes de demain.

Dans votre vision de la performance globale, comment articulez-vous l’environnement et le social ?

Les deux sont intimement liés : nous ne pourrons aller vite et loin dans la transition environnementale qu’en portant une attention accrue au social. Face au risque de fragilisation sociale que portent en germe les mutations actuelles, nous devons plus que jamais agir en entreprise inclusive et solidaire. Cette conviction nous conduit, par exemple, à intensifier nos programmes d’insertion des jeunes, en prenant appui sur notre forte présence dans les territoires pour développer à grande échelle les parcours d’éducation et d’apprentissage que nous leur proposons. Nos actions de solidarité, à travers notre réseau de fondations dans une quinzaine de pays, relèvent de la même volonté d’agir en entreprise citoyenne, en étant attentifs aux communautés humaines qui nous entourent comme nous le sommes vis-à-vis de nos collaborateurs.

En conclusion, quel est votre état d’esprit face à toutes ces mutations ?

La période que nous vivons est absolument passionnante ! Nos métiers n’ont jamais eu autant de sens, autant d’utilité face aux défis que doivent relever nos sociétés. Nous avons les ressources – technologiques, humaines, financières – et l’énergie managériale pour y répondre en jouant un rôle moteur dans le renouvellement du cadre bâti, des infrastructures, des sites et process industriels et de la mobilité. Nous voulons œuvrer pour un monde durable, en étant utiles aux hommes et attentifs à la planète. C’est un chemin ambitieux et inspirant, dont l’essentiel reste encore à inventer et à accomplir : c’est précisément ce qui fait toute la modernité d’un groupe comme le nôtre.

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Mise à jour : 14/03/2023