Relever le défi de la mixité dans les métiers scientifiques et techniques
Moins d'une personne sur trois dans les métiers scientifiques est une femme. De l'orientation scolaire aux parcours professionnels, en passant par les stéréotypes tenaces, les freins sont nombreux mais pas insurmontables. Entreprises, institutions et monde éducatif se mobilisent pour inverser la tendance.
Les femmes sous-représentées dans les métiers scientifiques et techniques
Dans le paysage professionnel, une réalité persiste en France et dans le monde : la sous-représentation des femmes dans les domaines scientifiques et techniques.
Ainsi, à l’échelle internationale :
En France, cette tendance se confirme aussi avec quelques nuances selon les secteurs.
Dans l'ingénierie, les femmes représentent[3] :
- un quart des professionnels en activité ;
- un tiers des étudiants en formation.
La sous-représentation des femmes dans les métiers scientifiques et techniques a des impacts multiples. Au niveau individuel, la sur-représentation de modèles masculins n’incite pas les femmes à s’imaginer dans de tels emplois. Pour les entreprises, la diversité des approches étant un moteur essentiel d’émulation, cette situation réduit leur potentiel d'innovation. Enfin, le manque de modèles féminins dans ces métiers perpétue le phénomène d'autocensure chez les jeunes générations.

VINCI Mixed Cup : le sport comme levier de mixité
Ce tournoi de football, organisé chaque année en région parisienne par le Paris FC et VINCI, réunit filles et garçons dans la même équipe. Un symbole fort pour briser les barrières traditionnelles de genre, dès le plus jeune âge.
Pourquoi si peu de femmes dans les métiers scientifiques et techniques ?
Stéréotypes et déterminisme social : des biais dès le plus jeune âge
Si, enfant, les filles réussissent aussi bien que les garçons en sciences, elles ne sont que 20 % en classes préparatoires scientifiques en France[7]. Cette disparité s'enracine dans un manque de confiance en leurs capacités mathématiques, alimenté par des attentes différenciées des enseignants et de la société.
Quelle confiance mathématique chez les filles ?
Dès l'école primaire, les filles ont moins confiance en leurs compétences en mathématiques[1] que les garçons. Ainsi, en classe de 6ᵉ :
- 60,2 % des filles pensent avoir réussi un test de mathématiques ;
- contre 76,2 % des garçons.
Cet écart se creuse en classe de 2de :
- seulement 48,5 % des filles estiment avoir réussi ;
- contre 67,5 % des garçons.
Les représentations culturelles ancrées conduisant également à des stéréotypes de métiers genrés « masculins » ou « féminins », qui influencent les choix de carrière des jeunes femmes. L’ingénierie, la construction et l’énergie restent largement dominées par des stéréotypes masculins, ce qui peut décourager les jeunes filles de s’y engager.
Pour combattre ce déterminisme social, la Fondation VINCI pour la Cité collabore depuis 2020 avec l'association Rêv'Elles, qui veut encourager les jeunes femmes issues des quartiers populaires à découvrir de nombreux métiers dont les carrières scientifiques et techniques. Mentorat, visite, atelier, journée d’immersion ou encore participation aux jurys de fin de parcours… plusieurs dizaines de collaborateurs du groupe VINCI s’engagent chaque année auprès de l’association.
Femmes dans les sciences et techniques : un parcours semé d'embûches[1]
- 82 % des femmes travaillant ou étudiant dans les secteurs scientifiques et techniques ont été confrontées à des stéréotypes de genre durant leur scolarité.
- 83 % d’entre elles craignent de subir, en tant que femme ingénieure ou technicienne, du sexisme, de la discrimination ou de ne pas pouvoir évoluer professionnellement.
- 48 % des étudiantes estiment avoir manqué de rôles modèles et de soutien durant leur formation.
75 % des femmes estiment que les hommes bénéficient de meilleurs salaires à poste égal.
Quels leviers d’action pour féminiser les métiers scientifiques et techniques ?
Des cadres institutionnels aux pratiques d'entreprise, en passant par le système éducatif, les barrières visibles et invisibles qui freinent la participation des femmes dans ces secteurs peuvent être déconstruites à différents niveaux.
Au niveau institutionnel : des cadres pour accélérer le changement
La promotion de l'égalité professionnelle s'appuie sur des initiatives à plusieurs échelles. Au niveau international, par exemple, les Women's Empowerment Principles (WEPs)[8] de l’ONU définissent un cadre d'action pour les entreprises. Ces principes, auxquels VINCI Construction Grands Projets a notamment adhéré en 2003, engagent les organisations à promouvoir l'égalité des sexes dans leur écosystème complet : lieu de travail, chaîne de valeur et communauté. L'Europe, elle, mise sur la transparence des rémunérations pour réduire les inégalités femmes-hommes[9]. Cette directive, que le droit français devra appliquer au plus tard en juin 2026, impose une transparence dans les offres d’emploi : elles devront mentionner des fourchettes de salaires. Limitant ainsi, les biais de genre lors des négociations de salaire. En France, deux leviers majeurs sont déployés : les quotas de femmes dans les postes de direction (lois Copé-Zimmermann et Rixain) et l'Index de l'égalité professionnelle qui mesure les progrès des entreprises. VINCI a choisi d’utiliser cet index dans toutes ses géographies pour permettre à chaque filiale du Groupe d'évaluer ses pratiques et de les améliorer.
Éducation : un levier pour transformer les mentalités
L'école joue un rôle déterminant dans la construction des parcours professionnels, avec un enjeu particulier : déconstruire les stéréotypes dès le plus jeune âge, car les biais de genre s’installent très tôt. Le ministère de l'Éducation nationale en France a par exemple lancé en 2021 un plan[10] qui prévoit la formation des enseignants à la déconstruction des préjugés et la révision des manuels scolaires afin qu’ils proposent, entre autres, une meilleure représentation des femmes scientifiques[11].
Pour promouvoir les métiers scientifiques et techniques auprès des femmes, les entreprises et le monde éducatif collaborent aussi de plus en plus étroitement. Soutenue par de nombreux partenaires privés dont le groupe VINCI, l’association Elles bougent vise à attirer les jeunes femmes vers les filières et carrières scientifiques, techniques, technologiques et d'ingénierie. Forums, visites de sites, challenges, conférences et interventions dans les collèges et lycées… l'association place la rencontre entre ses marraines – plus de 5 000 femmes ingénieures – et les jeunes filles au cœur de ses actions. Objectif : faire connaître les métiers, prouver qu’ils sont accessibles aux filles, proposer des modèles féminins et susciter des vocations ! Le réseau de marraines et relais de VINCI est le plus gros réseau Elles bougent, avec près de 800 collaborateurs engagés dans 30 pays.
Les réseaux professionnels ont également un rôle pédagogique à jouer, adapté aux caractéristiques d’un secteur et/ou d’une géographie. En Australie par exemple, VINCI Construction via sa filiale Seymour Whyte, est partenaire de la National Association of Women in Construction (NAWIC). Ensemble, ils organisent notamment les prix NAWIC, qui récompensent les femmes dans le secteur de la construction, et des visites scolaires sur les chantiers. Objectif : faire naître des vocations. Par ailleurs, pour créer un environnement de travail plus inclusif, les employés bénéficient d’un accès privilégié aux programmes et événements de NAWIC. Une dynamique qui s’étend jusqu’aux instances dirigeantes dont plusieurs membres ont suivi le programme de formation des alliés masculins.

Dans le cadre de la Semaine de l’Industrie 2024, Elles bougent a organisé une matinée speed-discovering chez Secure Systems & Services, filiale de VINCI Energies. Au programme : petit-déjeuner partagé, visite de l'entreprise, présentation des femmes de l’entreprise, mais aussi échanges directs et opportunités de garder contact pour des stages ou alternances.

En 2020, Lima Expresa (VINCI Highways/VINCI Concessions) lance au Pérou sa première « Girls on the Move Week ». L'initiative rassemble plus de 80 jeunes femmes de 15 à 25 ans autour d'une conférence sur les opportunités dans les carrières STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques). Cette initiative a été le point de départ d’un engagement renouvelé : « Girls in Tech & Science » en 2021, « Mujeres que construyen » en 2022 et 2023, et la création d’une mi-série en 2024.
Féminiser l’entreprise : de l'engagement aux actions
Pour installer durablement la mixité dans les métiers scientifiques et techniques, les entreprises agissent simultanément sur plusieurs leviers, tout au long du parcours professionnel : du recrutement au développement des compétences.
Le processus de recrutement constitue une étape clé. De plus en plus d'entreprises instaurent des objectifs chiffrés de mixité et repensent leurs procédures pour élargir leur vivier de talents. VINCI encourage à réaliser des recrutements ou promotions à un poste de management à condition qu'au moins une femme figure dans la liste finale des candidats. Le Groupe assure également un suivi attentif des parcours féminins afin de favoriser les mobilités et les promotions, notamment via des "People reviews au féminin" et "Executive Reviews".

Chez VINCI la part des femmes dans le management est passée de 15 % à plus de 23 %, tandis que leur représentation dans les comités de direction a plus que doublé passant de 8,6 % en 2018 à 20,5 % fin 2024. Le Groupe s’est fixé comme objectif de porter à 30 % la part des femmes dans les comités de direction ainsi que dans les fonctions managériales à l’horizon 2030.

Lancé en 2019, le programme PluriElles de VINCI Autoroutes propose un parcours complet d'accompagnement pour 14 femmes talentueuses chaque année. Chaque participante bénéficie ensuite d'un mentorat de huit mois assuré par un cadre de direction de VINCI Autoroutes.

Lancé en 2021 à l'aéroport de Londres Gatwick (VINCI Airports/VINCI Concessions), Equal Plane regroupe plus de 160 membres, hommes et femmes confondus. Equal Plane est force de proposition concernant l’amélioration des politiques RH de maternité, l’amélioration des installations dédiées aux femmes et du conseil dédié aux collaboratrices ainsi que du mentorat ou de la formation.
La féminisation des métiers scientifiques et techniques représente un défi majeur, du recrutement à la formation, en passant par la lutte contre les stéréotypes, et nécessite une stratégie globale associant pouvoirs publics et entreprises privées.
Sources
[1] Rapport de l’UNESCO pour la science 2021
[2] La carrière des femmes en sciences se heurte toujours aux préjugés de genre, selon l’UNESCO (février 2021)
[3] De l’école à l’entreprise, les femmes toujours découragées de faire carrière dans les métiers scientifiques et techniques (lemonde.fr, octobre 2024)
[4] La proportion des femmes dans le bâtiment est en "constante évolution" (batiactu.com, mars 2023)
[5] Les femmes toujours sous-représentées dans les secteurs écologique et numérique (eesc.europa.eu, décembre 2023)
[6] Les métiers de l’industrie se féminisent (francetravail.fr)
[7] Pourquoi y a-t-il si peu de femmes en science ? Thomas Breda professeur d’économie à l’École d’économie de Paris et chercheur au CNRS (mise en ligne : 06/10/2014)
[8] Les Women's Empowerment Principles (WEPs) sont portés conjointement par ONU Femmes et le Pacte Mondial des Nations Unies (weps.org)
[9] La directive européenne mise sur la transparence des rémunérations pour réduire les inégalités femmes-hommes (lemonde.fr, novembre 2024)
[10] Le ministère s'engage pour l'égalité professionnelle (education.gouv.fr, mise à jour : décembre 2024)
[11] Égalité entre les filles et les garçons (education.gouv.fr, mise à jour : novembre 2024)
Abonnez-vous
Restez informés : recevez notre newsletter
Chaque trimestre, nos articles, dossiers exclusifs et paroles d’experts directement dans votre boîte mail.
Les plus lus
Vous aimerez aussi
Les entreprises aux côtés de la recherche et au service de l’excellence scientifique
Face aux grands défis de notre temps – transition écologique, essor de l’intelligence artificielle notamment – l’innovation…
En Afrique, la stratégie des petits pas du programme social ISSA
Acteur de premier plan du secteur du BTP en Afrique, Sogea-Satom (VINCI Construction) s’implique, au-delà de ses…
Grand Paris : inventer la ville de demain
Le Grand Paris est un projet d'infrastructure et d'urbanisation qui redéfinit nos façons d’habiter, de travailler et d…